jeudi 11 février 2016

Vieux mais vivant


Je suis vieux et la mort s’approche à grands pas. Les années ont abîmé mon corps. Je suis vouté, ce qui me rend insignifiant au regard des autres. Je leur fais peur, voire je les dégoûte avec mon corps sans muscle, la peau qui se relâche, les jambes squelettiques, les doigts déformés par cette maudite arthrose. Les douleurs qui me crispent à chaque changement de temps, à chaque mouvement. Je suis le temps qui passe, je fais horreur, je suis méprisé.
Je n’ai plus de voix qui porte, je deviens muet, voire sourd. Je m’isole, je m’abandonne à cette déchéance, dans la solitude, dans l’oubli.
Je suis vieillesse, décrépitude, souffrance, je suis le crépuscule de la vie. On me dit de lâcher prise, de me laisser emporter par la faucheuse. Mais je ne veux pas, je suis là, je suis en vie. Je veux de l’amour, de l’attention, je suis et resterai humain jusqu’au dernier souffle.


Textes d’Isabelle THEROND, février 2016

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