dimanche 17 juillet 2016

Apocalypse

L’APOCALYPSE




Elle marche à côté de son mari, de son ami, de ses parents. Le spectacle finit, d’un pas tranquille, ils déambulent lentement sur cette promenade des Anglais. Il fait doux, la magie du feu d’artifice cède place aux sons des vagues. Une petite brise caresse leurs visages, elle est sereine. Son enfant court devant la poussette du petit dernier. La fin de la soirée s’achève dans la sérénité. Elle discute, rit avec ses proches.
Sécurisés sur cette route, si vivante durant la journée. Chacun déambule, échange avec son voisin.

D’un coup, venue de nulle part, cette masse blanche. Sous le vacarme des pneus, sous les cris de désespoir, son enfant, son mari, ses parents, son ami disparaissent. Happés par cette masse blanche, la stupeur la saisit. Consternée, épouvantée, elle reste figée, debout, au centre de cette promenade. Elle sert fort la poussette de son petit dernier, elle est seule parmi les corps. Son regard fixe, la bouche béante, aucun cri sort. Son esprit est vidé, absence de pensée, absence de réaction, elle tourne sur elle-même. Elle regarde, consternée, le néant, l’apocalypse.

Une voix faible s’échappe de sa bouche, une voix qui se fait de plus en plus perçante. Des cris s’arrachent de sa gorge, les noms de son enfant, ses parents, son mari, son ami. Pas de réponse, personne. Des cris sourds, des coups de feu au loin, des ombres qui courent, des corps partout, allongés, défigurés. Elle regarde hébétée, ahurie, elle pivote sur elle-même. Elle sert très fort la poussette de son petit dernier. Son regard se fige, elle voit devant elle, à terre… dans une flaque de sang… elle découvre la torpeur, l’horreur. Ils sont là, son enfant, son mari, ses parents, son ami. Ils sont là, allongés, inertes, sans vie. Le monde s’écroule, l’inimaginable est là. Devant elle, sa vie s’arrête, devant elle l’impensable.

Elle sursaute, une main la saisie, la couvre d’une couverture. Une main la sert, des bras l’entourent. Cette main enveloppe les siennes, l’invite à lâcher la poussette de son petit dernier. Cet enfant qui pleure, qui tremble, qui ne comprend pas. Elle découvre cette promenade couverte de rouge, où des âmes s’activent sous le bruit des sirènes.
Deux kilomètres de promenade, deux kilomètres d’apocalypse.

Et demain ! Que se passera-t-il ? Cette femme avec son petit dernier, seule, sans son enfant qui courait, sans son mari qui l’aimait, sans ses parents qui l’accompagnaient, sans son ami qui la comprenait. Ce lendemain comment se vivra-t-il ? Hommage, larmes, colères, soutien, solidarité… demain restera un mystère.
Alors, offrons cette bougie pour toutes ces vies arrachées.


vendredi 15 juillet 2016

Le camion de l'horreur

Le ciel plein de lumière,
Les yeux pétillants de bonheur
Les couleurs illuminent les coeurs,
Les étincelles colorient le ciel,
Tous souriant, quittent cette promenade des anglais
Enfants et parents, jeunes et personnes âgées.
Ensemble, pour fêter la paix,
D’un coup, catastrophe, résurgence de la folie.
Un camion fou fonce, écrase et tue.
La guerre surgit avec ses horreurs.
Deux kilomètres de vie, deux kilomètres de mort.
Les cris envahissent les rues
La panique ressurgit,
L’incompréhension paralyse.


Isabelle THEROND

Un cri


Un cri

Il est là, assis devant son volant. Droit, calé contre son siège. Les yeux hagards, il fixe l’horizon devant lui. Déterminé, voilà trois jours qu’il attend ce moment.

Il regarde tous ces gens, noirs, blancs, asiatiques, musulmans, catholiques, juifs… Il les fixe, les yeux remplis de haine. Une volonté meurtrière dans son regard, face à ses enfants qui courent, qui crient, qui jouent. Face à ces personnes qui parlent, chantent, rigolent. Face à ce spectacle de joie, de communion, d’union.

Au volant de son poids lourd blanc, couleur de l’innocence tâchée par la haine, il appuie sur son accélérateur. Avance progressivement, de plus en plus vite, la rancune dans l’âme, son besoin d’anéantir, il appuie sur son accélérateur.
Tel un bolide, à toute allure il fonce droit devant lui. Devant lui des êtres déshumanisés. Des quilles à détruire. Il veut tuer, il veut écraser, il fonce.
Des cris surgissent, des corps heurtent son engin de mort. Il rit, il jubile.

Des armes retentissent, le bolide s’arrête, le silence se fait.
Stupéfaction, les visages effarés, les larmes coulent, l’incompréhension prend le dessus, des cris, des appels surgissent. Le silence brisé par les sirènes. Devant nous, partout autour de nous, des corps éparpillés, allongés sur ce parterre de sang. Des âmes qui errent, des corps égarés, des bras qui s’enlacent, des pleurs qui retentissent. Que s’est-il passé ? Pourquoi autant d’horreur ?



Face à l’atrocité et à la haine, la solidarité apparaît. Ces bras qui accueillent, qui tentent de protéger. Des mots pour rassurer, des gestes pour réconforter, des actions pour donner. Un élan de soutien, un besoin d’aider, une nécessité d’agir, de dire, de crier « Non à la barbarie ! »




Nous sommes tous unis face à la haine. Nous sommes tous avec vous, victimes de Nice et du monde entier.