samedi 28 novembre 2015

ENTRÉE EN RÉSISTANCE

 Paris, Tunis, Bamako et bien d’autres.
La terreur s’est abattue.
Des corps meurtris de part et d’autre.

L’innocence est volée.
Les larmes coulent sur les visages.
L’insouciance est brisée.

Mais renait l’espoir.
Le jeu de cartes n’est pas jeté
Face aux actes attentatoires.

Chacun d’entre nous,
Faisons un entrechat.
Notre liberté est un bijou.

Une bougie dans la main,
Notre force est notre culture.
La tolérance gagnera demain.

Livre, musique, amusement
Sont nos armes.
Résistance par le boucan.

La peur ne nous écrasera pas.
À la lumière des bougies,
Force, elle deviendra.

Isabelle THEROND

samedi 21 novembre 2015

Tisseuse d’avant, tisseuse d’aujourd’hui

Me voilà au côté de cette ouvrière. Dame d’âge mûr, au visage marqué par le temps.
Visage rond, rempli de patience, mais d’exigences. 
Une exigence pour un travail bien fait.
À travers ses doigts, meurtris par ses gestes répétitifs, ces fils multicolores circulent au rythme de la machine.
Cadencée par des clics, des clacs, des taps, et des swings, cette main file, passe, bloque, coupe.
Ce fil s’entremêle, se transforme et donne cette belle Levantine.
Devant cette mutation, les bruits de l’atelier se font discrets.
Admirative devant la grâce de cette ouvrière, j’apprécie et j’envie sa sérénité, sa dextérité, sa créativité.
De ses mains rugueuses, difformes, nait une œuvre qui réchauffe tout mon être.
J’imagine cette étoffe qui ensoleille la chevelure folle d’une fillette.
Ou encore éclaire la beauté de cette métisse des îles chaudes du pacifique.

Pragmatique et consciencieuse, cette ouvrière me ramène à la réalité.
Soucieuse de mon apprentissage, elle m’incite à m’essayer.
Je doute face à son savoir, face à l’immensité de la tâche.
Son invitation à produire ces gestes me paralyse.
Consciente de ma peur, elle me rassure avec ses mots pleins de sagesses.
Soulagée, de ma main fébrile, je saisis les fils.
Mais là, tout va vite, la panique m’envahit.
Mais cette main du savoir vient à ma rescousse et m’accompagne.
Devant moi, ma création prend forme avec toutes ses imperfections.
Ravies sans être satisfaite je découvre mes capacités.
D’un coup retentit la sonnerie de fin de journée. Les machines s’arrêtent, s’en suit le brouhaha des ouvrières, pour laisser place au silence de l’atelier.

J’imagine, derrière ces portes closes, le murmure d’une mélodie qui clôture le travail des passementières.

Isabelle THEROND