L’APOCALYPSE
Elle marche à côté de
son mari, de son ami, de ses parents. Le spectacle finit, d’un pas tranquille,
ils déambulent lentement sur cette promenade des Anglais. Il fait doux, la
magie du feu d’artifice cède place aux sons des vagues. Une petite brise
caresse leurs visages, elle est sereine. Son enfant court devant la poussette
du petit dernier. La fin de la soirée s’achève dans la sérénité. Elle discute,
rit avec ses proches.
Sécurisés
sur cette route, si vivante durant la journée. Chacun déambule, échange avec
son voisin.
D’un
coup, venue de nulle part, cette masse blanche. Sous le vacarme des pneus, sous
les cris de désespoir, son enfant, son mari, ses parents, son ami
disparaissent. Happés par cette masse blanche, la stupeur la saisit.
Consternée, épouvantée, elle reste figée, debout, au centre de cette promenade.
Elle sert fort la poussette de son petit dernier, elle est seule parmi les
corps. Son regard fixe, la bouche béante, aucun cri sort. Son esprit est vidé,
absence de pensée, absence de réaction, elle tourne sur elle-même. Elle
regarde, consternée, le néant, l’apocalypse.

Elle
sursaute, une main la saisie, la couvre d’une couverture. Une main la sert, des
bras l’entourent. Cette main enveloppe les siennes, l’invite à lâcher la
poussette de son petit dernier. Cet enfant qui pleure, qui tremble, qui ne
comprend pas. Elle découvre cette promenade couverte de rouge, où des âmes
s’activent sous le bruit des sirènes.
Deux
kilomètres de promenade, deux kilomètres d’apocalypse.

Alors,
offrons cette bougie pour toutes ces vies arrachées.