samedi 27 février 2016

Donner la vie

 Émilie, ma sœur chérie,
aujourd’hui un ciel gris t’envahit.
Demain est un autre jour rempli d’espoir.
Ton chagrin du jour restera provisoire.
Il s’envolera comme une courte histoire.
Dans ton ventre grandissent deux anges,
qui rayonneront ton visage.
Ta patience d’aujourd’hui vécue comme un sacrifice,
Se transformera en admiration comme devant un feu d’artifice.



Texte réalisé avec Mélissa 8 ans, Isabelle THEROND

jeudi 11 février 2016

LA FORÊT LUMINEUSE

Je quitte ce pays où le froid s’installe et enveloppe l’ensemble de la nature.
Une nature qui se transforme de lumière bleutée.
La femme que je suis rêve d’autres horizons.
Je prends ce train à l’aube de ce jour glacial pour une destination nouvelle, une destination printanière.
Aux crissements des roues sur les rails, je me laisse emporter par mes rêveries.
Je me surprends au sommet de ces montagnes, assise en compagnie de ce peuple nomade.
Enveloppée d’une couverture arc-en-ciel, j’admire l’horizon aux couleurs automnales.
Le lever du soleil, avec ses couleurs, jaune, rouge, orange, me réchauffe lentement, m’emporte encore plus loin,
au cœur d’une forêt.
Une  forêt lumineuse où s’entremêlent les couleurs d’été.
Ces arbustes jaunes, entourés de roches brunes reflètent dans cette cascade d’eau qui s’apaise au pied de la falaise.
Forêt lumineuse.
Chaleur des couleurs.
Plénitude de l’eau qui coule.
Voilà ma destination atteinte.



Isabelle THEROND

Cher accordéon

 C’est vrai, tu es imposant.
Mais dès que tu te déplies, tu entraînes les danseurs,
sur toutes ces danses populaires :
Valse, tango, boléro, cha cha cha.
Que de rythmes qui se partagent au son de ton souffle !
Aujourd’hui, je te découvre.
Non comme musicienne, mais comme danseuse.
Tu m’emportes dans tes mélodies jusqu’au bout de la nuit.
Désormais, tu es entré dans ma demeure.
Posé sur les genoux de ma petite,
sous la pression de ses doigts,
en harmonie avec ses bras,
tu envahis mon logis,
avec tes sons encore timides,
mais qui s’imposent au fil du temps.
Devenu l’instrument de mes mouvements,
tu deviens l’objet de mes plaisirs.
Sois le bienvenu parmi nous,
Accordéon.


Isabelle THEROND

Vieux mais vivant


Je suis vieux et la mort s’approche à grands pas. Les années ont abîmé mon corps. Je suis vouté, ce qui me rend insignifiant au regard des autres. Je leur fais peur, voire je les dégoûte avec mon corps sans muscle, la peau qui se relâche, les jambes squelettiques, les doigts déformés par cette maudite arthrose. Les douleurs qui me crispent à chaque changement de temps, à chaque mouvement. Je suis le temps qui passe, je fais horreur, je suis méprisé.
Je n’ai plus de voix qui porte, je deviens muet, voire sourd. Je m’isole, je m’abandonne à cette déchéance, dans la solitude, dans l’oubli.
Je suis vieillesse, décrépitude, souffrance, je suis le crépuscule de la vie. On me dit de lâcher prise, de me laisser emporter par la faucheuse. Mais je ne veux pas, je suis là, je suis en vie. Je veux de l’amour, de l’attention, je suis et resterai humain jusqu’au dernier souffle.


Textes d’Isabelle THEROND, février 2016